Depuis la naissance du plus jeune (ou presque), mes deux enfants vivent en parfaite fusion l’un avec l’autre. Ils se réveillent ensemble, mangent ensemble, jouent ensemble… Tout le temps. Mes garçons avaient chacun leur chambre et m’ont demandé de partager la même. Pourquoi deux chambres quand, de toute façon, ils ne dorment pas séparément?
Mes deux tornades ont les mêmes goûts et partagent les mêmes intérêts. Et lorsqu’un des deux aime quelque chose de différent, l’autre fait l’effort de participer pour lui faire plaisir. C’est tellement beau, comme parent, d’être témoin de cette communion entre les deux êtres qu’on aime le plus au monde.
Sauf que…
Quand quelque chose va trop bien, ça dérange parfois les autres. Ça soulève des questions. Des commentaires. Des suspicions. Dans les dernières années, on m’a souvent fait remarquer que mes enfants sont très complices. Trop.
Et si ça avait des répercussions sur leur autonomie?
Et s’ils n’étaient jamais capables de fonctionner l’un sans l’autre?
Est-ce que ça ne serait pas mieux de les séparer?
Est-ce qu’ils vont arriver à se faire des amis?
Mes enfants fusion… Mes jumeaux nés à quinze mois d’intervalle. Moi, mes enfants, je les comprends. Je suis comme ça aussi, d’une certaine façon. J’ai tendance à fusionner avec les gens que j’aime. Si je laisse entrer quelqu’un dans mon univers, c’est pour la vie. Et puis, pourquoi aller voir ailleurs quand tout ce dont on a besoin est juste là, à côté de nous?
Je comprends bien sûr que ça puisse en faire sourciller certains. C’est spécial de voir un enfant être la moitié de l’autre. Sa béquille. Ça arrive qu’un des deux ne soit tout simplement pas fonctionnel lorsque son frère n’est pas là. C’est déroutant.
Et oui, je me demande parfois si c’est la meilleure chose pour eux. Une autre question sur la pile de ma charge mentale…
Mais je n’ai qu’à m’arrêter quelques minutes pour les regarder interagir et mes doutes se dissipent. Ils s’aiment inconditionnellement. Se soutiennent. S’entraident. S’accompagnent. Se challengent. Se réconfortent. S’enracinent. Quand je les vois ensemble, l’enfant unique que je suis les envie un peu d’avoir déjà trouvé leur personne. Un membre de la même famille, qui partage la même réalité, le même quotidien.
N’est-ce pas justement tout à fait normal de s’ancrer l’un à l’autre? De se comprendre au-delà des mots?
Je me dis que ça doit être doux, à 5 ans, de pouvoir toujours compter sur ton mini alter ego. Je leur souhaite de s’appuyer l’un sur l’autre tout au long de leur vie. Ça rassurerait mon coeur de maman, qui un jour deviendra vieux.
Et à toutes les personnes qui nous disent que la séparation est la solution, je vous souhaite simplement de trouver à votre tour cette moitié si précieuse : un pilier qui vous soutiendra même quand le vent tourne, du bon ou du mauvais côté.