J’ai longtemps enseigné le français aux adolescents. Ce que j’appréciais vraiment de ce travail, c’était entre autres les discussions littéraires que j’avais avec eux. Je trouvais ces moments de partage particulièrement enrichissants, surtout quand ils nous permettaient de comprendre le contexte socio-historique dans lequel s’inscrivait l’histoire.
Même si je n’enseigne plus le français aux adolescents, je m’intéresse encore à ces lectures. C’est avec mes enfants que je reproduis les discussions qui m’animaient tant. Je lis avec eux les livres obligatoires pour leur scolarité. Le dernier que nous avons lu est Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie Zenatti. Ça a donné lieu à des échanges fort intéressants sur une réalité dont on entend parler, mais qu’on ne prend pas toujours le temps de bien cerner.
Résumé
Ce livre raconte l’histoire d’une Juive de 17 ans qui habite Jérusalem, Tal. Témoin d’un attentat suicide, elle cherche à saisir les raisons qui poussent Israël et la Palestine à s’affronter depuis si longtemps. Interpellée d’abord par les raisons politico-religieuses, c’est ensuite le désir de comprendre « l’autre » qui émerge en elle. Elle envoie une bouteille à la mer dans l’espoir qu’une adolescente comme elle la découvre et désire échanger.
C’est un Palestinien de 20 ans, Naïm, qui répond à l’appel. Un échange de courriels s’amorce entre eux. D’abord très réticent et ancré dans ses convictions, Naïm s’ouvre doucement à Tal et tous deux partagent leurs incompréhensions et leur quête d’identité. On y apprend par cette correspondance les événements marquants du conflit. On suit ces deux personnages dans leur évolution pendant quelques mois avant que l’auteure nous laisse imaginer une fin sur une note d’espoir.
Avis
J’ai trouvé que c’était vraiment une bonne idée de faire lire ce roman à des adolescents de 15 ans! Tellement bien écrit, on a l’impression de comprendre de l’intérieur comment se vit le conflit israélo-palestinien. C’est triste, c’est touchant, c’est frustrant… c’est la vérité de deux adolescents qui subissent une réalité de laquelle il est difficile de s’extirper. Je le recommande chaudement.
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Je termine cet article en vous partageant le travail que devait faire mon fils, Louis, pour son cours de français. Il fallait sélectionner un passage du livre et le transformer en poème. Le passage choisi est celui où Naïm trouve la bouteille envoyée à la mer par Tal.
Si j’étais poisson
Sur le bord de la mer
J’imagine ce qu’auraient pu être nos terres.
Dans un monde où tout serait différent
Y aurait-il sur nos plages plus de goélands?
Je pense aux poissons
J’imagine nager à l’horizon
Le temps d’un instant je me transforme en sirènes
Finalement, je quitte ces terres qui ressemblent à une arène.
Mon but n’est pas de partir, oh non!
J’aimerais tellement voir mon Atlantis à son apogée
Regorgeant d’hôtels entre les coraux
Afin d’accueillir les poissons de toutes les eaux.
Je m’imagine, « Gazaman »
Nager entre les pyramides
Tout comme j’imagine les filles torrides
Sur la « Gaza beach » pendant que je m’y promène
Mon idée s’est noyée lorsqu’un harpon vint me masser le dos
Non, sûrement encore une roche ou un coquillage sorti de nulle part
Lorsque j’ai vu la bouteille j’étais sans mot
Au loin, une vague d’espoir